Moratoire: Stopper les ENR, et trahir les territoires
Par Nicolas UGALDE-LASCORZ, Directeur Général de VDN GROUP
Chers Députés,
En soutenant un moratoire sur le développement de l’éolien et du photovoltaïque, vous avez envoyé un signal d’arrêt à des centaines de projets d’intérêt général. Cette décision, prise sous la pression de quelques postures idéologiques, est d’autant plus incompréhensible qu’elle va frontalement à l’encontre de ce que pensent… les Elus de terrain eux-mêmes.
Car pendant que vous suspendez, eux construisent. Pendant que vous doutez, eux accompagnent. Et pendant que vous parlez de « pause », ils voient dans les énergies renouvelables un levier d’action, de transformation, et de justice territoriale.
Une réalité locale ignorée
D’après l’enquête OpinionWay publiée en mai 2025, réalisée auprès de 312 maires et Elus locaux de communes disposant d’installations ENR :
– 57 % d’entre eux se disent favorables à l’installation de nouvelles unités de production sur leur territoire,
– 77 % estiment que ces installations sont efficaces pour produire une électricité renouvelable locale, bénéfique au climat,
– 79 % sont satisfaits de leur collaboration avec les entreprises du secteur, preuve que les projets sont loin d’être subis,
– Et 69 % rapportent que leurs administrés eux-mêmes sont favorables à ces projets.
Il ne s’agit pas de lobbying ou d’une vue de l’esprit, ce sont des constats de terrain. Des faits. Et derrière ces faits : des Elus de proximité, des communes rurales, des projets concrets.
Vous dites vouloir défendre les territoires ? Écoutez-les.
Il y a là un paradoxe dangereux. Ceux qui, à Paris, prétendent défendre les territoires votent un texte qui va directement contre la volonté et l’expérience de ces mêmes territoires.
Un moratoire n’a jamais rien réglé. Il crée de la défiance, gèle les investissements, met en difficulté des filières industrielles locales et jette un voile d’incertitude sur la planification énergétique nationale.
Pire : il alimente une fiction selon laquelle les ENR seraient imposées, mal acceptées, ou inutiles. La réalité est tout autre : 55 % des communes déclarent que ces projets génèrent des revenus pour leur budget.
Et ce soutien ne vient pas uniquement des Elus. Il est aussi largement partagé par la population française.
Selon l’enquête IFOP pour ENGIE (avril 2025), 84 % des Français ont une bonne image des énergies renouvelables, et 81 % souhaitent leur développement dans les cinq prochaines années. Mieux encore : 81 % se déclarent favorables à l’implantation d’une infrastructure ENR près de chez eux. Et chez les riverains concernés par une installation à proximité, le taux d’opinion positive grimpe jusqu’à 95 %.
Les bénéfices sont identifiés avec clarté : 92 % des Français y voient un moyen de renforcer la souveraineté énergétique, 89 % une solution utile face au changement climatique, et 93 % un levier pour l’emploi local. Ce n’est pas un vœu pieux : c’est une demande citoyenne, claire et argumentée.
Comment prétendre représenter la population française en allant à l’encontre de son opinion ?
Ce n’est pas le terrain qui est en retard sur la loi, c’est la loi qui est en retard sur le terrain.
Les Elus locaux ont compris ce que certains refusent encore d’admettre : la transition énergétique ne se décrète pas en chambre. Elle se construit dans les territoires, avec ceux qui y vivent, y investissent, y travaillent.
Ce que les acteurs des ENR attendons, ce n’est pas une pause. C’est de la clarté, de la stabilité et de la reconnaissance.
Alors, à vous, députés, je pose une question simple : Pourquoi vous obstiner à aller à l’encontre d’Elus qui, chaque jour, rendent la transition énergétique possible ? Le combat est de stopper les énergies Fossiles et non d’opposer les énergies décarbonées entre elles.
Le débat est légitime. Le blocage, lui, est une faute.