Par Nicolas UGALDE-LASCORZ, Directeur Général VDN GROUP
Europe First : L’absolue
priorité de l’indépendance énergétique
En France, les énergies renouvelables (ENR) font, depuis 25 ans, encore l’objet de débats irrationnels, nourris par des dogmes dépassés, des clivages politiques, et une administration qui, au titre du principe de précaution, préfère bloquer plutôt qu’agir.
Pendant que nous freinons notre propre développement, le monde autour de nous bascule. La sécurité énergétique devient une condition de souveraineté, et la dépendance à des ressources importées est un risque stratégique majeur.
Aujourd’hui, et demain plus encore, pour assurer sa défense, l’Europe a besoin de quantités astronomiques d’électricité, notamment dédiées aux infrastructures, moyens de communication et de renseignement. Pourquoi alors opposer les énergies en ce moment crucial ? Rejeter, de manière idéologique, toute source énergétique indépendante et autonome est irresponsable.
Un monde en mutation : l’énergie comme arme géopolitique
Depuis le début du mandat Trump, les déclarations et actions symboliques en faveur des énergies fossiles et au détriment des ENR illustrent un « retour » à des valeurs prétendument « refuges » et constitutives de la puissance américaine. Au travers de ce prisme, les ENR ne seraient que l’un des fruits de l’idéologie woke, dont il faudrait corriger les excès.
En Ukraine, la guerre démontre avec une brutalité implacable que l’énergie est un pilier stratégique de la souveraineté nationale. Les infrastructures électriques ukrainiennes sont ciblées systématiquement dans le but de paralyser l’activité économique, la santé, les réseaux de communication et les capacités de défense. Contrôler ou détruire l’accès à l’électricité, c’est contrôler un pays. Ce scénario rappelle aux Européens une leçon fondamentale : une nation qui ne maîtrise pas son énergie se met en danger, et c’est pourquoi notre indépendance énergétique ne doit plus être un sujet secondaire ou idéologique, mais une priorité stratégique absolue.
Si nous nous accrochons à des schémas ancestraux, nous risquons de voir notre industrie, nos entreprises et nos foyers dépendre d’énergies que nous ne contrôlons plus. Le nucléaire est un pilier, mais il ne suffira pas seul à répondre à nos besoins croissants. L’éolien et le solaire sont les seules sources capables d’apporter rapidement des capacités supplémentaires, massives et décarbonées. Faut-il rappeler que les ENR représentent déjà 26% de la production électrique en France et 47% en Europe ?Faut-il rappeler que 60% de notre énergie dépend encore des énergies fossiles provenant de pays en forte tension actuellement ?
Europe first ! La France et l’Europe doivent se préparer maintenant en renforçant leur production énergétique locale et leur autonomie en électricité, faute de quoi nous augmenterons le risque de chantages énergétiques, crises géopolitiques et fluctuations de marchés dictées par des puissances extérieures. L’Europe doit produire vite, stocker, favoriser le maillage des sites de production d’énergie, et sécuriser son électricité sur son propre sol.
Aligner enjeux et moyens
Entre Green deal « détricoté » et projets de décrets visant à limiter les projets ENR, l’Europe et la France semblent vivre une crise d’identité tirant vers une forme de schizophrénie : accélérer tout en limitant, imposer puis retarder, simplifier puis décentraliser. Les exemples récents sont nombreux et envoient un message ambigu aux acteurs éoliens et solaires. Pourquoi encourager la structuration de filières pour finalement entraver leur développement ?
Au-delà des obstacles administratifs, les clivages politiques doivent être dépassés. Ne faisons pas l’amalgame entre une écologie politique et une politique écologique ! L’indépendance énergétique est un sujet qui doit transcender les partis et idéologies pour l’intérêt général. Il en va de notre compétitivité et de notre résilience face aux crises. Cliver l’opinion publique, diffuser des fake news et surfer sur la vague populiste conduisent uniquement la France à retarder ses projets énergétiques. Face à ces enjeux, seule l’efficacité doit primer, avec une approche pragmatique qui concilie ambition écologique et impératifs économiques.
Simplifier et rationaliser nos processus tout en garantissant une concertation efficace permettrait d’accélérer le déploiement des ENR, sans compromettre la qualité des projets. En dépassant les réticences et en misant sur un cadre plus agile, la France pourrait pleinement exploiter son potentiel et sécuriser son indépendance énergétique.
L’énergie, c’est la souveraineté. L’énergie, c’est la défense.
Les Européens doivent cesser d’aborder l’énergie comme une simple question environnementale. C’est une question de puissance et de sécurité nationale. L’électricité sera le nerf de la guerre pour produire, se déplacer, se défendre.
Si nous voulons être prêts, nous devons lâcher la bride. L’heure est à l’action. Nous ne pouvons plus nous permettre de compromettre les solutions qui garantiront notre autonomie, et ainsi jouer contre notre propre camp.
L’histoire ne pardonnera pas ceux qui auront choisi l’immobilisme dans un monde qui bascule. Il est temps d’embrasser l’indépendance énergétique. Il est temps d’accélérer.
Produire vite, maintenant, sur notre sol. Seuls les ENR le permettent.