Interview de Nicolas UGALDE-LASCORZ, Directeur Général de VDN GROUP

Magazine MEDEF en SEINE – juin 2025

À l’heure où la souveraineté énergétique devient un enjeu stratégique pour les entreprises françaises, certaines voix s’élèvent pour transformer ce défi en opportunité. Nicolas Ugalde-Lascorz, Directeur de VDN Group, producteur indépendant d’électricité verte, accompagne les entreprises, les agriculteurs et les collectivités dans leur transition énergétique. Il nous partage sa vision d’une autonomie énergétique au service de la compétitivité et du bien commun.

Pourquoi l’énergie est-elle devenue un sujet stratégique pour les entreprises françaises, bien au-delà de la simple facture ?

L’énergie, c’est la nouvelle variable stratégique de l’entreprise. Ce n’est plus uniquement un poste de coût : il s’agit à la fois d’un levier de compétitivité, d’un facteur de résilience et d’un marqueur d’engagement. La crise énergétique de 2022 a eu l’effet d’un électrochoc : elle a rappelé que la dépendance énergétique expose directement la pérennité de l’activité. Aujourd’hui, maîtriser son énergie, c’est se donner les moyens de produire ici et maintenant, dans de bonnes conditions économiques et environnementales.

Comment percevez-vous l’évolution du rapport des dirigeants d’entreprise à l’énergie depuis cette crise de 2022 ?

Depuis la crise de 2022, le rapport des dirigeants d’entreprise à l’énergie a profondément évolué, passant d’une approche passive à une logique d’anticipation. Beaucoup de dirigeants que nous accompagnons refusent désormais de subir les événements : ils veulent comprendre, agir et sécuriser. Cette évolution témoigne d’une véritable montée en maturité. Aujourd’hui, produire localement de l’énergie renouvelable, installer du photovoltaïque sur un bâtiment, signer un contrat d’achat d’électricité (PPA) ou mutualiser un projet avec d’autres acteurs sont des sujets désormais traités au niveau du comité de direction. L’énergie est devenue stratégique parce qu’elle conditionne la souveraineté industrielle de demain.

Quelles actions concrètes une entreprise peut-elle aujourd’hui engager pour reprendre la main sur son énergie ?

Il existe des solutions accessibles, efficaces, et souvent rentables. L’autoconsommation photovoltaïque constitue l’un des premiers leviers : elle permet de produire directement sur son site, sans transport ni perte, avec une visibilité sur les coûts à long terme. Mais il y a aussi le partage de l’énergie entre sites ou entre acteurs d’un même territoire, les projets collectifs avec des collectivités ou des agriculteurs, les flottes de véhicules électriques alimentées localement. Nous croyons à une approche sur mesure, construite avec les acteurs locaux, et qui intègre un véritable partage de la valeur entre l’entreprise, le territoire et les citoyens.

Le développement des énergies renouvelables est-il un levier suffisant pour garantir cette souveraineté ? Quels autres facteurs faut-il considérer ?

Les énergies renouvelables sont une condition nécessaire, mais elles ne suffisent pas à elles seules. La souveraineté implique également la production locale des équipements, le développement des compétences nécessaires, la simplification des réglementations et la création d’écosystèmes durables. Pour véritablement relocaliser l’énergie, il est indispensable d’accepter de la produire à proximité de son lieu de consommation. Cela suppose un changement de regard, une meilleure information, ainsi qu’une volonté politique. Le modèle que nous défendons chez VDN repose sur la co-construction : une énergie produite localement, destinée à répondre aux besoins locaux, et développée avec des acteurs locaux.

À quoi ressemblera selon vous une entreprise “énergétiquement souveraine” en 2030 ?

En 2030, une entreprise énergétiquement souveraine aura pleinement intégré l’énergie dans son modèle économique. Elle produira localement, pilotera finement sa consommation, stockera si nécessaire, et pourrait même contribuer à l’équilibre du réseau. Elle aura sécurisé ses coûts, renforcé son attractivité et réduit son empreinte carbone. Mais, surtout, interagira étroitement avec son territoire, en partageant la valeur générée avec ses voisins, ses employés et sa collectivité. C’est ce nouveau pacte énergétique local que nous construisons avec VDN. La souveraineté, ce n’est pas l’autarcie : c’est la capacité à prendre des décisions et à agir en confiance, en collaboration avec des partenaires fiables.